« L’histoire n’avait finalement pas encore été complètement écrite, le 30 mai 2024 à New York, lorsque Donald Trump est devenu le premier ex-président des États-Unis condamné dans un procès au criminel, par un jury formé de 12 citoyens ordinaires. Sa culpabilité a été reconnue sur toute la ligne pour les 34 chefs d’accusation auxquels il faisait face, pour manipulation comptable et dissimulation de pot-de-vin.
« Un an plus tard, jour pour jour, la charge juridique et symbolique de ce verdict historique ne pèse plus seulement sur les épaules du populiste, mais désormais aussi sur celles d’une nation tout entière qui, massivement, s’est levée en novembre dernier non pas pour le rejeter, mais pour le porter, par les urnes, à la plus haute fonction du pays.
Et ce, pour un second mandat.
« Une décision collective qui, confrontée à la réalité du pouvoir exercé depuis plus de quatre mois par ce président-criminel, prend surtout l’allure d’une collision prévisible entre le sulfureux personnage, la démocratie américaine et
l’État de droit.
« Qu’il s’agisse d’ignorer les décisions des tribunaux dans les affaires d’expulsion d’immigrants illégaux ou de mettre fin à la supervision des réformes visant à contrer la discrimination et le racisme systémique dans les corps policiers, aucune pratique du gouvernement de Donald Trump, depuis son retour à Washington, ne devrait nous surprendre, résume en entrevue Timothy Golden, professeur de philosophie au Collège Whitman, joint par Le Devoir dans l’État de Washington. Le président est tenu d’appliquer fidèlement les lois des États-Unis. S’il décide de les ignorer de manière flagrante, alors c’est le gouvernement lui-même qui devient hors la loi et qui flirte avec l’anarchie. Et c’est ce pour quoi le peuple américain
a finalement voté : l’anarchie. »
« Chaotique » est plutôt le terme qui s’est rapidement imposé, dès les premières heures de la nouvelle présidence de Donald Trump, pour qualifier ses décisions d’éviscérer l’appareil administratif fédéral, de gracier l’ensemble des insurgés du 6 janvier 2021ou encore d’intimider les médias, les universités et les cabinets d’avocats. C’est ce chaos qui a accompagné aussi plusieurs rencontres humiliantes imposées par le nouveau président à des chefs d’État étrangers, dont Volodymyr Zelensky, au cœur même du Bureau ovale. Et c’est toujours ce chaos qui a guidé la signature à ce jour d’un nombre record de 152 décrets cherchant à concentrer le pouvoir entre les mains de l’exécutif, à marginaliser le rôle du Congrès, à défier des décisions de justice et à violer l’indépendance traditionnelle du département de la Justice, devenu une cible permanente du républicain depuis son retour à Washington.
[...]
« Hors de contrôle »
« Et ce climat délétère prouve que c’est cette présidence et ce gouvernement qui sont devenus « hors de contrôle », bien plus que ne le serait le « pouvoir judiciaire fédéral » lui-même.
« C’est ce qu’estime l’ancien juge de la Cour d’appel des États-Unis J. Michael Luttig, qui, dimanche, sur les ondes de NBC, a expliqué que les décisions des tribunaux n’étaient pas guidées par une quelconque volonté de représailles contre le président, comme Donald Trump aime le faire croire à ses militants. Elles le sont plutôt par la défense de la Constitution des États-Unis et des lois américaines par ces mêmes tribunaux face « aux actes et actions manifestement illégaux de ce président »,
a dit M. Luttig.
« J’ignore où cela va s’arrêter, mais il semble qu’à l’heure actuelle, le président ait l’intention de poursuivre cette guerre contre le pouvoir judiciaire fédéral et l’état de droit jusqu’à une finalité catastrophique », a-t-il ajouté.
« Une catastrophe annoncée aussi par l’ex-stratège politique du président Steve Bannon, qui, dans un de ses récents balados, a prédit que l’été allait être explosif. Selon lui, la bataille judiciaire alimentée par Donald Trump n’est plus seulement responsable d’une crise constitutionnelle, mais rapproche la nation d’un « point de rupture », dit-il en substance.
« Et tout ça soulève une question fondamentale, selon le philosophe Timothy Golden : « Depuis le début de cette présidence, on se demande quel message le gouvernement Trump envoie à l’Amérique, mais il faudrait plutôt se demander quel message les États-Unis se sont envoyé à eux-mêmes et au reste du monde en élisant un hors-la-loi
à leur plus haute fonction. »
Extraits de la chronique intitulée
Il y a un an, la justice américaine a fait de Donald Trump un criminel
Fabien Deglise
Le Devoir
le 30 juin 2025
Bonjour Rachel!
RépondreSupprimerTa publication est devenue mon rdv du matin!
C’est complètement fou!
Un criminel menaçant à la tête des États Unis!
Liette
Bonjour Liette, il faut remercier les journalistes québécois de suivre l'actualité pour nous et de nous éclairer de leurs brillantes analyses. Oui, c'est assez incroyable que les citoyens de la première puissance mondiale aient élu un hors-la-loi comme président. Nous voici à l'aube d'une dé-civilisation. Pourrons-nous, humbles individus de pays encore démocratiques, arrêter tous ces gouvernants qui tuent et tentent de détruire les valeurs humanistes ?
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