« Dure semaine à la Maison-Blanche pour Donald Trump. En plus d’avoir déclenché une guerre sans merci avec certaines des meilleures universités du pays, le président des États-Unis voit partir Elon Musk, celui qui devait être capable de réduire la taille de l’État fédéral américain, ce qu’aucun politicien n’avait réussi avant lui.
« Le président a profité de la réputation de M. Musk et, au début, il aimait bien qu’il s’occupe d’un pseudo-ministère de l’efficacité gouvernementale (DOGE) qui n’avait aucune existence légale. Ce qui comptait, comme c’est très souvent le cas avec M. Trump, c’était l’impression que pouvait donner le tandem Musk-Trump, l’homme le plus riche du monde qui faisait équipe avec l’homme le plus puissant du monde.
« Mais le mariage n’aura pas duré. À part quelques fermetures spectaculaires comme celles de l’agence d’aide internationale USAID et du service de diffusion internationale Voice of America qui projetait le soft power américain aux quatre coins du monde, le bilan du DOGE est loin d’être spectaculaire. Surtout, la réduction draconienne de la taille de l’État et du nombre de fonctionnaires ne s’est pas vraiment matérialisée.
« Et plus le temps passait, plus les divergences d’opinions entre MM. Trump et Musk devenaient profondes. M. Trump avait promis de ne jamais toucher aux prestations de sécurité sociale (l’équivalent américain des pensions de vieillesse), alors que M. Musk disait que c’était une « pyramide de Ponzi », une fraude qui ne pouvait durer.
« Musk était contre les droits de douane annoncés en grande pompe par M. Trump lors de ce qu’il a appelé le « jour de la libération ». Et dernièrement, il était contre le One Big Beautiful Bill, le mégaprojet de loi économique de l’administration Trump qui, en augmentant le déficit, « défait tout ce [qui a été] fait à DOGE », dit celui qui veut s’occuper davantage de ses entreprises, dont Tesla et X.
« La séparation, même si on a pris bien soin de dire qu’elle était à l’amiable, était devenue inévitable. Mais elle arrive quand même à un bien mauvais moment pour M. Trump qui connaît le premier véritable passage à vide depuis son retour à la présidence.
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« M. Trump ne l’a pas caché pendant sa campagne électorale, s’il gagnait un second mandat, il avait bien l’intention de se venger de tous ceux qui, estime-t-il, l’ont déconsidéré. Sa guerre contre les plus grandes universités américaines – Harvard, en particulier, puisqu’elle est la plus prestigieuse de toutes – ne s’explique pas autrement.
« En attendant, il doit se préparer à une bataille juridique sur la légalité de ses droits de douane, invalidés par le Tribunal de commerce international, jugement qui a été suspendu en appel. L’affaire devrait se rendre jusqu’en Cour suprême.
« Les tribunaux vont de plus en plus souvent être appelés à se prononcer sur les initiatives du président Trump et même s’il possède une supermajorité de juges conservateurs à la Cour suprême, les tribunaux inférieurs et, surtout, les tribunaux administratifs risquent de ralentir la mise en œuvre de ses politiques.
« D’autant que sur le fond, son recours à des lois lui permettant d’invoquer une situation d’urgence économique ne font pas l’unanimité même dans les milieux les plus conservateurs, ce qui rend assez imprévisible une éventuelle décision de la Cour suprême.
« L’aluminium importé du Québec serait une menace pour la sécurité nationale des États-Unis ? Vraiment ? Les pièces d’automobiles fabriquées en Ontario aussi ? Et pourquoi doit-on craindre les « deux par quatre » canadiens ?
« Il est de plus en plus évident que les droits de douane imposés par l’administration Trump ne sont nullement motivés par des raisons économiques, mais par la politique la plus partisane. Comme le montre bien l’annonce de son intention de doubler les droits de douane sur l’acier et l’aluminium canadiens dans un discours partisan devant des travailleurs de l’acier en Pennsylvanie.
« Reste à voir si les tribunaux américains seront capables de reconnaître qu’il y a un lien direct entre les droits de douane imposés par le président Trump et ses intérêts strictement partisans. Parce que, bien franchement, on en est rendu là. »
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