« Ce n’était qu’une question de temps qui, finalement, est arrivé très vite.
« À peine mis en place, le cessez-le-feu et le processus de paix amorcés au début de la semaine dans la bande de Gaza sont déjà compromis par la réapparition instantanée des combattants du Hamas, armes aux poings, dans les décombres de l’enclave palestinienne.
«Une visibilité qui ne cherche pas seulement à réaffirmer l’emprise, sur Gaza, de l’organisation terroriste à l’origine de l’attaque menée contre l’État d’Israël le 7 octobre 2023, après deux ans de guerre. Elle est aussi une fronde évidente à l’endroit du plan en 20 points de Donald Trump, qui fait du désarmement de l’organisation et de son retrait de la vie politique deux balises fondamentales sur le chemin de la paix.
« Or, sans l’un, l’autre n’a que peu de chance de dépasser le cadre des annonces spectaculaires et la promesse d’une « aube historique » sur « un nouveau Moyen-Orient », comme l’a répété le président américain.
« Cette question de la démilitarisation du Hamas est la prochaine étape clé, si étape il y a, pour véritablement instaurer la paix à Gaza », a commenté mardi John Bolton, ex-conseiller à la sécurité nationale du populiste, lors de son premier mandat, dans une interview accordée au réseau NewsNation. Le point 13 de l’accord insiste en effet sur le désarmement de la faction et appelle aussi à la destruction de toutes « les infrastructures militaires, terroristes et offensives, y compris les tunnels et les installations de production d’armes » du Hamas.
« Si on ne dépasse pas ce stade, le reste du plan de paix ne se concrétisera tout simplement pas », a poursuivi M. Bolton, en ajoutant : « Nous sommes à 24 heures [après la libération des otages], et il semble que c’est ce qui commence déjà à se produire ».
« Le début de la fin annoncée du conflit dans la bande de Gaza et le retrait progressif des forces armées israéliennes n’a pas fait place, comme prévu dans le plan Trump, à l’engagement des membres du Hamas envers une « coexistence pacifique », et ce, en échange d’une amnistie. Le Hamas n’a pas, non plus, lancé le processus attendu de « démantèlement de leurs armes » pour s’assurer que « la nouvelle Gaza ne représente aucune menace pour ses voisins ni pour sa population », comme l’indique le texte.
« En lieu et place, l’organisation a plutôt décidé de ressortir ses combattants au grand jour, masqués et armés, sur les places publiques et le long des routes. Loin de se montrer défait ou soumis, après deux années de pilonnage de son territoire par Israël, le Hamas s’est immédiatement lancé dans une vaste campagne de représailles et d’exécutions visant à renforcer son autorité sur l’enclave par la peur et par des exécutions sommaires.
« Selon un rapport de l’agence de presse Reuters, le Hamas a ainsi tué au moins 33 personnes, dans la foulée du cessez-le-feu, dont au moins 7 hommes exécutés en pleine rue, lundi, sans procès ni jugement. Ils étaient accusés d’avoir collaboré avec l’ennemi.
Armés et déterminés
« Des réseaux de communication liés au Hamas ont également diffusé la vidéo d’une mise à mort de huit hommes par un peloton d’exécution arborant les couleurs du mouvement politique et terroriste sur une place de Gaza-ville. Un geste condamné par le chef du commandement militaire américain pour le Moyen-Orient, Brad Cooper, qui sur le réseau X a appelé le Hamas à « cesser de tirer sur les civils palestiniens innocents à Gaza ».
« C’est une opportunité historique pour la paix. Le Hamas doit saisir cette occasion en se retirant, en respectant de manière stricte le plan de paix en 20 points du président Trump, et en se désarmant sans délai », a-t-il ajouté.
« Le haut responsable américain a indiqué avoir fait part de ses préoccupations « aux médiateurs qui ont accepté de travailler avec nous pour faire respecter la paix », et ce, dans l’espoir de ramener le Hamas sur la voie de ses engagements. Engagements auxquels il va devenir très vite raisonnable de ne plus croire, estime John Bolton.
« Le Hamas ne se contente pas d’exécuter des dissidents », a-t-il commenté mardi. « Il rétablit son contrôle sur la bande de Gaza pour reprendre la guerre. Et quiconque ne comprend pas cela n’est pas vraiment compétent pour juger de la situation ou est à la solde de quelqu’un » qui aurait un intérêt à ce que la paix ne se produise finalement pas.
« Et les intérêts sont variés avec, d’un côté, le Hamas toujours soutenu par l’Union internationale des érudits de la résistance, une organisation ouvertement alignée sur l’Axe de la résistance iranien. Depuis deux ans, elle ne cesse de renforcer son influence dans la région en glorifiant l’attentat du 7 octobre 2023 contre Israël comme un acte de résistance, une «étincelle» permettant « d’accomplir des exploits victorieux », rapportait récemment le groupe de réflexion américain Middle East Forum. Pour cette Union, le « terrorisme » n’est pas violence, mais plutôt mission religieuse.
Analyse intitulée
Les armes du Hamas pointées sur le plan de paix de
Donald Trump
Fabien Deglise
Le Devoir
le 15 octobre 2025 à 17h14
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