28 novembre 2025

La lettre de la semaine - La folie du vendredi fou



« Les origines américaines du Vendredi fou nous rappellent que le Québec n’emprunte pas toujours le meilleur de nos voisins du Sud. Cette foire commerciale se veut un exercice de réchauffement pour la grande folie de consommation du temps des Fêtes.

« Tel un troupeau, les consommateurs sont entraînés vers le goulot d’étranglement des centres commerciaux ou les sites d’achat en ligne. Par de multiples publicités répétées dans l’ensemble des médias écrits, télévisuels, radiophoniques et numériques, on tente de créer un événement incontournable autour de ce phénomène mercantile. Sous un prétexte d’économie, on convie ces consommateurs manipulés à utiliser le crédit pour des achats souvent superflus qu’ils regretteront quand viendra le temps de payer les intérêts exorbitants de leurs cartes de crédit.


« Ce conditionnement de masse est une stratégie de vente pour multiplier les occasions d’attirer les clients. Qu’il s’agisse des fêtes des Mères, des Pères, d’Halloween, de la Saint-Valentin, de Pâques, du Vendredi fou ou du grand rendez-vous de Noël, tous ces temps forts de consommation misent trop souvent sur l’émotivité dans le désir de traduire un sentiment affectif en un geste matérialiste de « consommaction ».


« S’ils ne sont pas recyclés, ces biens achetés impulsivement sont souvent éphémères et finissent par se retrouver dans les sites d’enfouissement. Comme l’affirmait le biologiste Pierre Joliot-Curie : « Une société qui survit en créant des besoins artificiels pour produire efficacement des biens de consommation inutiles ne paraît pas susceptible de répondre à long terme aux défis posés par la dégradation de notre environnement. »


« L’aliénation produite par la société de consommation nous conduit à choisir l’avoir avant l’être ; dans tel cas, faut-il s’étonner que notre coexistence avec autrui devienne de plus en plus déshumanisée, et que nos rapports sociaux soient ainsi réduits à de simples échanges épidermiques?»


Lettre au Devoir intitulée

Un vendredi qui rend fou

Marcel Perron

Le Devoir

le 25 novembre 2025

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire