« Donald Trump a prédit lundi une « fin concluante » de l’attaque d’Israël sur la bande de Gaza d’ici deux à trois semaines. Il multiplie aussi les démarches, depuis janvier dernier, pour conduire l’Ukraine vers une paix durable avec la Russie même si le dictateur russe, Vladimir Poutine, affiche un manque flagrant de collaboration. Et il a récemment affirmé sur les ondes de Fox News avoir mis fin à six guerres dans le monde en six mois, sans peur d’être une fois de plus en contradiction avec les faits.
« Chaque fois qu’il en a l’occasion, depuis son retour au pouvoir, le républicain ne manque jamais une occasion de nourrir les apparences pour alimenter une quête obsessionnelle : celle de décrocher un prix Nobel de la paix — sans doute par jalousie envers Barack Obama, qui en a été auréolé en 2009 pour ses « efforts extraordinaires qui ont renforcé la diplomatie internationale et la coopération entre les peuples ».
« Mais à l’approche du dévoilement du lauréat, le 10 octobre prochain, l’espoir d’obtenir la prestigieuse médaille est loin d’être permis pour le président américain, notamment en raison de la composition plutôt progressiste et humaniste du comité Nobel norvégien. Plusieurs de ses membres ne cachent d’ailleurs pas leur animosité à l’endroit du populiste.
« Les cinq personnes qui composent ce comité sont indépendantes, sérieuses, intègres et compétentes en matière de relations internationales ; elles ne risquent pas de se laisser duper par la campagne de communication de Donald Trump et de ses acolytes », laisse tomber en entrevue l’analyste politique norvégien Arve Aksnes, qui commente depuis des années la politique américaine sur son blogue The New Generation. « Lorsque Trump affirme avoir mis fin à six guerres, je suppose que tout le comité Nobel ne pense pas à lui décerner le Nobel de la paix, mais doit plutôt s’inquiéter de sa santé mentale. »
«Au total, les candidatures de 244 personnes et de 94 organisations ont été déposées en vue de la cuvée 2025 du Nobel de la paix. Même si les noms figurant sur cette liste sont tenus secrets par l’aréopage du Nobel, celui de Donald Trump pourrait bien y figurer, porté entre autres par le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou. Ce dernier a rappelé publiquement avoir déposé la candidature du président américain lors de sa visite à Washington en juillet dernier.
« Mais le geste et la flatterie n’assurent en rien une majorité du vote du comité Nobel norvégien à l’occupant du Bureau ovale…
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Unanimité contre lui
« Les chances de Donald Trump de décrocher le Nobel de la paix seraient bien meilleures si le comité n’était pas formé de Norvégiens, mais plutôt de Hongrois.
« C’est qu’en Hongrie, qui vit sous l’autoritarisme de Viktor Orbán, 49 % des répondants à un sondage conduit par Novus-Gallup International l’an dernier appuyaient le républicain dans le cadre de la présidentielle américaine de 2024 — l’un des niveaux les plus élevés au monde, avec entre autres la Serbie (59 %) et la Russie (43 %). En Norvège, les appuis du populiste ne dépassaient pas les 7 %, selon ce coup de sonde, qui a révélé par ailleurs un engouement sans ambiguïté des Norvégiens, à 81 %, pour son adversaire démocrate, Kamala Harris.
« La plupart des Norvégiens sont horrifiés de voir le gouvernement Trump intimider les universités, détruire la démocratie, nier les changements climatiques, attaquer les personnes trans et faire preuve d’un racisme sans borne », dit l’analyste Arve Aksnes.
« La Norvège soutient aussi fermement l’Ukraine et son président, Zelensky, et chaque fois que Donald Trump fait l’éloge de Vladimir Poutine et de la Russie, cela les heurte. »
« Seule une réalisation concrète de Donald Trump, ajoute-t-il, « comme mettre fin à la guerre en Ukraine » en y imposant une « paix durable » et en « forçant la Russie à capituler », pourrait rapprocher l’ex-vedette de téléréalité d’un Nobel de la paix. « Mais je doute que ça se produise, dit M. Aksnes. J’observe ses actions depuis près de 10 ans, et son admiration pour Poutine semble sans limite. »
« N’empêche, l’entourage du président américain continue de faire monter la sauce autour d’un Nobel de la paix, comme l’a démontré lundi le président de la Chambre des représentants, Mike Johnson. Ce dernier a une fois de plus vanté le mérite de Donald Trump en vue de l’attribution de ce prix — pour « de nombreuses raisons », mais surtout parce que la capitale américaine, Washington, n’a pas enregistré de meurtres pendant 11 jours de suite après que le président y eut déployé la Garde nationale pour y faire régner la loi et l’ordre, a-t-il sérieusement déclaré.
« Cette utilisation de l’armée pour prendre le contrôle de la police d’une ville largement démocrate a été vertement dénoncée par les opposants du populiste. Elle a aussi été qualifiée de geste d’intimidation et de provocation témoignant du caractère autoritaire de son régime.
« Malgré les déclarations alarmistes de Donald Trump sur la sécurité à Washington, les crimes violents y sont en baisse de 26 % cette année comparativement à l’an dernier, selon les données préliminaires des autorités locales.»
Extraits de l’analyse intitulée
Le Nobel de la paix hors de portée pour Donald Trump
Fabien Deglise
Le Devoir
Le 28 août 2025
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