Lettre d’opinion publiée dans
La Presse
juillet 2025
« Il y a 40 ans, en 1985, était lancée la mythique chanson We Are the World écrite par Michael Jackson et Lionel Richie en soutien aux victimes de la famine en Éthiopie, faisant résonner un vibrant appel à la solidarité internationale pour acheminer urgemment des denrées en Afrique. Un chœur de stars a été réuni et a amassé 80 millions de dollars pour l’Éthiopie en un rien de temps.
« Aujourd’hui, huit milliards d’humains détournent le regard devant la famine à Gaza, s’en lavent les mains, n’osent pas forcer le blocus imposé par Tsahal et Israël pour acheminer des denrées essentielles à plus d’un million et demi de Palestiniens qui risquent de mourir de faim et d’inanition à brève échéance, enclavés dans un territoire exigu devenu l’enfer sur Terre. Vingt-cinq pays lancent un petit cri bien timide de récrimination et d’indignation.
« Nous ne semblons pas avoir développé plus d’empathie et de compassion en 40 ans, mais plutôt accumulé plus d’égoïsme et de narcissisme. Je vous mets au défi de regarder les récents reportages tournés à Gaza qui montrent ces corps d’enfants émaciés et de réécouter la chanson sans avoir une larme à l’œil. Si vous pouvez le faire, c’est peut-être parce que vous avez perdu de votre humanité. Il faudrait vérifier avec Boucar, mais je ne crois pas qu’un autre animal qu’Homo sapiens soit aussi cruel pour refuser délibérément de nourrir sa progéniture.
« Nétanyahou doit apprendre à terminer une guerre et comprendre que de laisser un enfant mourir de faim ne peut pas être une avancée pour l’humanité et ne peut qu’engendrer plus de haine viscérale au sein des générations futures.
« Comment un humain peut-il tolérer l’intolérable ? Y a-t-il des limites au droit d’Israël de se défendre ? Y a-t-il d’autres moyens de combattre le Hamas que de tuer des enfants innocents en prétextant que ceux-ci sont utilisés comme boucliers humains par une organisation terroriste ? Toute guerre doit avoir une fin un jour et être suivie d’un début de réconciliation, si improbable soit-il. Comment osons-nous baisser les bras et détourner le regard devant des exactions aussi cruelles envers des enfants sans défense ?
Jean Crevier,
médecin retraité,
L’Assomption
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