25 septembre 2025

La crainte de perdre

« En l’espace de quelques heures, le président Donald Trump a participé à la plus grande consécration de l’union entre la religion et l’État et annoncé, sans aucune preuve scientifique, que la consommation du Tylenol par les femmes enceintes pouvait causer l’autisme.


« Pourquoi ?


« Parce qu’au-delà des apparences, ça s’annonce mal pour le président et son parti en vue des élections de mi-mandat qui auront lieu en 2026. Et s’il devait perdre l’appui d’une partie de sa coalition, il perdrait aussi sa majorité au Congrès. Le reste de son dernier mandat pourrait devenir très compliqué, même dans une Maison-Blanche désormais remplie de dorures.


« D’abord, quelques chiffres. La moyenne des sondages compilée par le site conservateur RealClear Politics (RCP) dit que 52,6 % des Américains désapprouvent le travail du président Trump, contre 46,1 % qui l’approuvent. Aussi, 55,9 % des Américains croient que le pays se dirige dans la mauvaise direction contre 38 % qui croient qu’il est dans la bonne direction.


« Selon le plus récent rapport de l’OCDE, la croissance de l’économie américaine devrait chuter de 2,8 % en 2024 à 1,8 % en 2025 et 1,5 % en 2026. Déjà, l’inflation est à la hausse. La création d’emplois est presque nulle.


« Donald Trump craint une répétition des élections de mi-mandat de 2018, quand les démocrates avaient profité d’un gain net de 41 sièges pour reprendre le contrôle de la Chambre des représentants. Il avait ensuite subi deux procédures de destitution, avant d’être acquitté par le Sénat à majorité républicaine.


« Ce furent, selon M. Trump lui-même, les pires années de sa présidence. Il ne veut donc pas que cela recommence. 


[...]


« Donald Trump a également ordonné le congédiement d’un procureur fédéral, Erik Siebert, pour n’avoir pas procédé aux mises en accusation de ces adversaires. Une ingérence du pouvoir exécutif dans le fonctionnement des tribunaux. Mais M. Trump ne s’en cache même pas, il a agi ainsi « pour satisfaire [sa] soif de vengeance ».


« Cela conforte l’autre pilier de la coalition Trump, pour qui le président doit avoir l’air d’un dur qui ne recule devant rien. On l’a vu avec sa campagne musclée – pour ne pas dire inutilement violente – afin de capturer et expulser des immigrants en situation irrégulière, parfois même sans se soucier des avis des tribunaux.


« C’est le côté « sabre » de la coalition Trump. Ceux qui veulent un président tough, défenseur de la loi et l’ordre. Surtout l’ordre.


« Des initiatives sont aussi destinées à d’autres franges de la coalition. Ainsi cette étonnante annonce, qui n’est soutenue par aucune donnée scientifique sérieuse, que l’usage du Tylenol (le président ne savait pas comment prononcer acétaminophène) par les femmes enceintes causait l’autisme chez les enfants.


« Il y a bien des études qui évoquent une association possible entre les deux, mais ça ne prouve rien. Il y a plus de ventes de crème glacée l’été et la criminalité est plus importante l’été. Mais la crème glacée ne cause pas le crime !


« Sauf qu’il faut donner quelque chose à ces membres de la base trumpiste qui sont anti-« Big Pharma », cette industrie pharmaceutique qui voulait les obliger à se faire vacciner contre la COVID pendant la pandémie…


« Il ne faut pas s’étonner que M. Trump fasse ce pas dans leur direction. Il aura besoin d’eux aux élections de l’année prochaine.» 


Extraits de la chronique intitulée

Trump, entre le sabre et le goupillon

Michel C. Auger

La Presse

le 24 septembre 2025


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