« Dans la conjoncture actuelle, quand on a des immigrants parfaits déjà en place, intégrés et fonctionnels, on devrait faire le maximum afin de leur permettre de finaliser le processus et de demeurer ici, au lieu de leur compliquer l’existence et les forcer à y renoncer.
« Je pense à Mme Ilic et à sa famille ainsi qu’à ce monsieur qui est soudeur qui ont tout quitté pour venir s’installer au Québec. Ayant vécu cette expérience, mais à une époque beaucoup moins exigeante, je compatis à leur sentiment d’insécurité et d’impuissance. Il faut avoir connu l’expérience de l’immigration pour savoir que c’est un profond arrachement sur tous les plans : familial, social, scolaire, etc. C’est le deuil de tout notre passé en échange de la possibilité d’un meilleur avenir. Ça exige de l’optimisme, de la persévérance et de la bonne volonté, tout cela sans aucune garantie.
« Il faut penser aussi que la réputation du Québec va en prendre pour son grade si elle ne permet pas à des personnes déjà bien ancrées au Québec de finaliser leur intégration. Il va donner l’impression d’un pays changeant et pas très fiable qui ne respecte pas ses engagements. Sans compter que cela pourrait fort bien servir d’élément dissuasif à d’autres bons candidats qui voudraient venir vivre ici. C’est parfaitement vrai que c’est la rupture d’un contrat moral.
« On est en droit d’annoncer de nouvelles règles pour un jeu déjà amorcé, mais par contre, il faut à tout prix créer des exceptions pour ceux qui sont pris, malgré eux, dans l’engrenage du moment. Et Dieu sait que cet engrenage peut être ardu et complexe ! Il faut faire preuve de beaucoup plus d’humanité à leur endroit et leur prouver que ce n’est pas juste un mirage, qu’ils n’ont pas fait une erreur magistrale en choisissant ce pays.»
Lettre d’opinion intitulée
Une vie au Québec, pas juste un mirage
Denise Chatelier
Le Devoir
le 17 novembre 2025

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