06 juillet 2025

La sécheresse, ce «tueur silencieux»

« Au moment où la canicule frappe de plein fouet de nombreux pays de par le monde, l’Organisation des Nations unies (ONU) et le Centre national américain de lutte contre la sécheresse (NDMC) publient un rapport dérangeant au sujet de ce «tueur silencieux» qu’est la sécheresse. Loin d’être une menace lointaine, elle fauche des millions de vies en plus de déstabiliser le tissu social, économique et politique des pays frappés.


« À l’ère des dérèglements climatiques, ce péril ne devrait laisser aucune nation indifférente.


« L’humanité a vécu des sécheresses records dans les dernières années, en raison du réchauffement climatique, et le pire reste à venir. La sécheresse s’intensifie au point d’exiger une coopération mondiale urgente, constatent l’ONU et le NDMC dans leur rapport. « Quand énergie, nourriture et eau viennent à manquer en même temps, les sociétés vacillent. C’est la nouvelle réalité à laquelle il faut se préparer », affirme le secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, Ibrahim Thiaw. 


[...]


« Les pays méditerranéens offrent un avant-goût de ce qui attend d’autres économies modernes, préviennent les auteurs du rapport. À titre d’exemple, l’Espagne, le Maroc et la Turquie ont connu des difficultés pour garantir l’approvisionnement en eau, en nourriture et en énergie. Deux années de sécheresse ont provoqué une baisse de 50 % de la production d’olives en Espagne, ce qui contribue à une flambée des prix. Au Maroc, six années de sécheresse consécutives ont généré une diminution de près du tiers de la production de blé et d’orge.


« Quand la planète suffoque, c’est toute la chaîne alimentaire qui vacille. L’espèce humaine n’est pas la seule à subir les contrecoups de la sécheresse. La baisse des niveaux d’eau entraîne aussi la mort massive d’espèces animales un peu partout.


« La première condition du succès, c’est de reprendre l’initiative dans la lutte contre les changements climatiques et la diminution de notre dépendance aux énergies fossiles. À ce chapitre, nous allons de surplace en recul. Les chances de limiter les dérèglements du climat à un seuil sécuritaire s’amenuisent, constatait encore récemment un groupe d’experts internationaux. Le maintien du réchauffement climatique à moins de 1,5 degré Celsius par rapport à l’ère préindustrielle, une cible presque hors d’atteinte, demeure un impératif. Les gouvernements sont pourtant prompts à sacrifier l’environnement sur l’autel du développement à la moindre manifestation de turbulences économiques, y compris au Canada depuis l’élection de Mark Carney. 


«Les auteurs du rapport de l’ONU et du NDMC préconisent également la modernisation des pratiques d’agriculture, une industrie qui est la plus grande consommatrice d’eau, le développement d’infrastructures résilientes pour l’approvisionnement en eau, le déploiement d’efforts accrus pour réduire le gaspillage, la restauration des écosystèmes naturels, le recours aux sources d’énergie renouvelables (solaire, éolienne et géothermie), l’élaboration de systèmes d’alerte avancés pour prévenir les sécheresses, etc.


« Ces solutions ne s’imposeront pas d’elles-mêmes. Elles sont indissociables d’une culture de coopération internationale, malmenée par les gouvernements de droite — les États-Unis en tête —, et d’un changement de perception durable. Il faut arrêter de voir la sécheresse comme un phénomène météorologique, et la considérer comme l’une des conséquences les plus dramatiques du réchauffement climatique.»


Extraits de l’éditorial intitulé

Voir la sécheresse dans toute son urgence

Brian Myles

Le Devoir

le 4 juillet 2025

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